Cultiver dans l'espace n'est désormais plus un rêve. Sans compter l'amélioration de cultures existantes...les space laitues sont de sortie.

L'expérience Veg-01 de la NASA, commencée l'année dernière, a pour objet le développement d'un système de culture dans un environnement en apesanteur. Nous en profitons pour vous faire un petit point d'où nous (les humains hein… pas vous et moi) en sommes sur le sujet.

Nous allons voir les trois prinicpaux programmes des agences spatiales américaine, chinoise et européenne. Les buts de ces projets, les moyens mais aussi l'état d'avancement des uns et des autres sont totalement différents.

 Le projet des Zaméricains

L'expérience Veg-01 de la NASA, commencé sur terre il y a quelques années, a pour objet le développement d'un système de culture dans un environnement en apesanteur.

Le but est de développer un système valable permettant d'améliorer le moral des astronautes, les occuper dans les temps morts de la mission, mais aussi pouvoir effectuer des missions plus longues et s'établir sur la planète Mars. Auparavant les astronautes avaient évidemment peu d'aliments frais à disposition si ce n'est quelques carottes ou pommes.

Si des marins au long cours nous lisent, je pense qu’ils sont déjà en train de sourire, la marine à voile ayant été confrontée à ce problème il y a de nombreux siècles en particulier pour lutter contre le scorbut qui touchait les équipages privés trop longuement de certains apports alimentaires.

L'année dernière un premier test avait été fait par la NASA et de la laitue romaine avait été rapportée sur terre pour analyse.

Ci dessous une photo de 2014 avec le commandant Steve Swanson en train de récolter cette laitue monstrueuse sur la station spatiale internationale :

Cette année la moitié de la production de laitue a été nettoyée sur place avec des lingettes à l'acide citrique et a été dégustée directement. l'autre moitié sera envoyée sur terre.

La NASA a communiqué en détail son protocole de test. En revanche elle est restée plutôt discrète sur les détails techniques. En y regardant de plus près, la société Orbitec qui bosse sur le projet à conçu un mini espace de culture qui ressemble furieusement à ce que tout jardinier d’intérieur connaît :

• Des “coussins” de germination et de pousse...ce qui ressemble beaucoup à nos éponges de germination ou nos systèmes basés sur la coco.

• Un système d’éclairage horticole basé sur des lampes LEDs avec un spectre bleu/rouge développé pour l’occasion... bref les leds c’est vraiment le futur de l’horticulture d’intérieur.

Voici quelques montages 3D fait par la NASA qui expliquent très bien leur projet martien :

Une petite info qui a fait moins de bruit dans les médias "traditionnels" mais sur lequel l'agence spatiale américaine a aussi communiqué : cette éxpérience a aussi porté a moindre échelle sur des fleurs, en particulier sur le Zinnia. En revanche la NASA n'a communiqué aucune information la dessus : peut-être est-ce un flop ?

 Made in China :

Mais les “zétazunis” ne sont pas les seuls sur le marché et nos amis Chinois ont eux aussi fait quelques recherches avec des résultats incroyables et des poivrons gros comme le bras. En revanche le but du programme chinois est radicalement différent : c’est d’améliorer l’agriculture terrienne chinoise en fournissant des espèces de fruits et légumes a plus haut rendement. Ce qui permettrait de nourrir plus facilement ce grand pays, et aussi d’exporter plus...

Cela fait plus de 10 ans que les Chinois ont axé leurs recherches sur le croisement génétique. Est-ce le résultat de l’apesanteur, d’une atmosphère parfaitement contrôlée ou des radiations spatiales ?

A vrai dire, on en sait trop rien pour le moment. Tout ce qui a été communiqué est qu’ils ont déjà croisé/créé 110 génétiques de fruits et légumes.

A priori leur technique est assez "simple" : ils balancent dans l'espace avec leurs satellites 5000 graines d'un fruit/légumes afin de les exposer à l'apesanteur et aux radiations. Une fois recupérées, ils selectionnent sur terre les 50 graines qui ont le plus de chance d'avoir une mutation et demarrent des tests en culture sur 3 à 5 ans afin d'affiner leur selection et ensuite commercialiser tout ça. Bref on est dans des techniques de développment agricoles assez classiques sauf que tout ça est passé par la case espace...

Leur premier résultat a été sur devinez quoi...le riz !!! Mais c’était plutôt décevant (4% d’amélioration).

Du coté des succès, il y a eu le blé “Taikong 6” actuellement commercialisé en Chine qui selon eux contient un niveau de protéines plus élevé, et est “super pour les boulangeries” selon l'expert du ministère de l'agriculture chinois. Mais aussi du soja avec des résultats 11% supérieurs à la récolte, une race de poivron vert géant (500g par poivron !!!) ainsi que des concombres, et des tomates géantes avec un degré de sucre plus élevé... et un goût d’orange !

Et les européens dans tout ça ?

Nib ? Peaudezobie ? Bon pas vraiment mais quand même : Déja, nous les gentils européens participons à la station spatiale européenne avec certains modules de celle-ci conçus et fabriqués par nos soins alors bon faut pas non plus trop la ramener.

N’en déplaise à un chanteur populaire français, Mélissa n’est pas qu’une métisse d’Ibiza mais aussi un projet très sérieux de l’ESA mené depuis 1989.  C’est un “système alternatif de support à la vie micro-écologique”, rien que ça...

 Le but est d’utiliser la lumière/photosynthèse pour faire pousser des plantes dans l’espace pour non seulement fournir en bouffe les voyageurs mais aussi fabriquer assez d'oxygène pour eux. Bref de recréer un ecosystéme complet permettant comme le projet américain, de supporter de longues missions d’exploration spatiale, un voyage sur Mars mais aussi selon l’ESA une base lunaire !!!

 On ne fait pas que de fabriquer des pneus ou jouer au rugby à Clermont, mais on a aussi une université qui participe à ce programme (cocorico !). Cet écosystème serait plutôt aquatique et utiliserait les déchets humains (urine ,etc) en tant que fertilisant. Le projet se base sur 5 compartiments colonisés respectivement par diverses bactéries, plantes et équipages. Voila le plan du bins :

On reste sur une “simple” idée d’un écosystème traditionnel ou les déchets et polluants aériens sont recyclés par les plantes qui en échange produisent de la nourriture et purifient l’eau et l'oxygène de l’ensemble.

L’agence parle très vaguement de “bénéfices importants en relation avec des projets industriels” mais sans donner plus de détails...

Conclusion :

Le programme américain ne va pas faire spécialement rêver un jardinier d’intérieur car les techniques utilisées ne semblent ni révolutionnaire ni inaccessibles au grand public. En revanche c’est le seul des trois ou un humain peut bosser dessus. Ça ouvre le champ à de très nombreuses expériences, dont le croisement d'espèces en apesanteur… Et puis vivre sur Mars fichtre, ce n'est pas comme coloniser la Creuse !

Le programme européen est de loin le plus ambitieux des trois, mais c’est aussi celui qui semble rester uniquement sur le papier. C’est rageant mais bon les budgets ne sont pas vraiment derrière non plus... C'est aussi celui qui semble le plus risqué. En effet si l'ecosystème se détraque...les plantes meurent mais aussi les humains/l'équipage qui fait partie de cet écosystème !

Enfin pour le programme chinois, j’en vois déjà un paquet en train de baver devant leurs écrans en se disant qu’ils veulent ces génétiques dans leur potager ou d'imaginer leur propre space fruit/légume !!!! Plus sérieusement, tout le monde voit qu’il y a une application commerciale immédiate derrière sans compter un avantage certain pour leur agriculture. Des trois programmes, c’est aussi certainement le plus "simple" et le moins couteux.

J'espère que vous vous êtes bien régalé et avez le cerveau tout en ébullition en lisant ce dossier. N’hésitez pas à poster un commentaire là-dessous.