Faire germer des semences est en général la première étape d’une culture. Pas mal de techniques existent pour réaliser une germination parfaite et on à tendance à s’y perdre. Le but de ce dossier est de présenter deux techniques différentes que nous utilisons avec succès. Attention, ça ne veut pas dire que les autres méthodes sont à jeter. On veut juste vous présenter nos deux techniques respectives.

Le premier besoin est l’absence de lumière. La graine doit se trouver dans le noir total au démarrage.

Ensuite il faut une humidité maximale : 80 a 100%.

Une fois que vos bébés commencent à mettre la tête dehors (formation des cotylédons) , il faut un peu de lumière.

Et une technique, un plan d’attaque...que dis-je : une méthode !

 

ElVincent : la technique du riche

C’est mon choix

Je n’utilise pas la méthode utilisant des sopalins humidifiés et deux assiettes. Même si celle-ci à l’énorme avantage de permettre un contrôle visuel, je saute toujours cette étape pour la raison suivante :

Une fois le radicule sorti de la graine, il faut manipuler cette petite graine pour la mettre en terre. En général on utilise une pince à épiler. C’est à ce moment qu’on peut casser la radicule. Et dans ce cas, c’est la fin...et pas moyen de rattraper le coup.

Je n'utilise pas non plus la technique du verre d'eau chaude  (posé sur la box/le frigo) ayant pas mal de chats curieux à la maison et aussi afin d'éviter la  manipulation qui casse le radicule. Celle-ci a de très bons résultats selon beaucoup d'amis, même si j'ai aussi lu beaucoup de lectures dénonçant celle-ci. Les détracteurs indiquent que plongé dans l'eau on empêche l'échange air/eau.

Bref j’opte pour une technique plus sécurisée et un démarrage plus “naturel” : l’éponge de germination. Ces petites éponges magiques ont à mon sens l’avantage par rapport à un bloc de tourbe type jiffy  :

  • L’éponge est plus “molle” qu’un bloc de tourbe et les jeunes racines peuvent s’y développer plus facilement.
  • Quand l’éponge sèche, elle change de couleur en devenant plus claire… c’est l’alerte qu’il faut humidifier à toute vitesse.
  • Ce n’est pas de la terre, donc c’est plus “propre” quand vous partez sur de l’hydroponie. Avec un bloc jiffy, la tourbe risque de se retrouver dans le système et l’encrasser voire le boucher.

Le Matos

Trêve de parlotte, ma technique a pour défaut de demander un petit investissement financier au démarrage.. Il vous en coûtera 45€ au total pour démarrer si vous n’avez absolument rien en stock. Par la suite cela ne vous coûtera plus que 14€ pour faire germer 50 plants.

Tout d’abord les fameuses éponges de germinations. Avec un plateau plastique, les 24 éponges coûtent environ 8€. Ce plateau peut être réutilisé. Un paquet de 50 éponges sans plateau coûte environ 14€.

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J’utilise ensuite une mini serre de bouturage/germination chauffé. Attention il est très important de prendre un modèle chauffant. Celle-ci coûte environ 32€. Franchement c’est un investissement qui vaut le coup : vous allez pouvoir l’utiliser sans cesse des que vous souhaitez faire germer des fleurs et légumes. Et les résultats de germination sont tout bonnement excellents.

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Il vous faut ensuite un récipient rempli d’eau, dans mon cas un petit plat à salade.

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Enfin un petit pulvérisateur (environ 3€) est nécessaire.

La technique

Prenez une éponge et trempez-la dans l’eau. Ensuite mettez l’éponge au creux de votre main et fermez-la pour “essorer” le surplus d’eau. Ainsi votre éponge sera humide mais pas totalement imbibée.

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Placez une graine dans chaque cube de germination. Ci dessous des photos de la manipulation qui ont été effectué avec des graines de poivrons "King of the North".

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Arrachez un bout d'éponge et placez-le pour fermer le trou.

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Mettez un fond d’eau dans le bac de la serre afin d’assurer un milieu ultra humide et ensuite refermer le tout. Attention si votre serre est munie d’ailettes d’aération, il vous faut absolument les fermer pendant cette phase. Le but est de conserver un taux d’humidité maximal (entre 70 et 100%) et si vous laissez les ailettes ouvertes celui-ci baissera.

ailettesouvertes

Branchez la serre afin que celle-ci chauffe et mettez-la à un endroit exempt de toute lumière  (serre d’intérieur, placard, cave…).

Toutes les douze heures environ, ouvrez la serre, ré-humidifiez grâce au vaporisateur. Si l’environnement est à plus de 70% d'humidité, vous allez avoir de l’eau qui va “suinter” sur les parois de la serre : ça veut dire que c’est tout bon !

 Ensuite il n’y a plus qu’à attendre et laisser faire la magie de la nature. Si vous êtes un homme stressé, vous pouvez enlever le morceau d'éponge qui sert de “bouchon” et vérifier visuellement ou en est votre germination. Cela permet aussi de vérifier l’état des racines en sortant totalement l'éponge.

Une fois les cotylédons à peine sortis il faut immédiatement ouvrir les ailettes de la mini-serre afin de pouvoir avoir un échange avec l’air et placer le tout dans un environnement avec un cycle de lumière jour-nuit. Si vous vous ratez la dessus, la plante va tiger follement en quête de lumière.  Il faut donc surveiller le tout très régulièrement.

Une fois la première paire de feuilles sortis vous pouvez transplanter le tout dans un pot. Si ça a tigé un peu, enfoncer l'éponge et le plant en profondeur pour ne plus qu'avoir les cotylédons a quelques millimètres au dessus de la terre. Faites attention aux manipulations avec vos mains pleines de doigts. A ce moment le plan est très fragile et on peut casser la tige facilement.

Attention aussi lors des ouvertures-fermeture de la mini-serre, il m'est aussi arrivé de couper des tiges de jeunes plants en refermant le tout.

 

LordCasqueVert : la technique du pauvre (ou du radin pour être plus précis)

Au-delà d’avoir des poches remplies d’oursins, je suis un fainéant ! Et c’est bien connu les fainéants qui n’ont pas le bouton “1” de la télécommande greffé à l’index sont des gens organisés et efficaces, qui ne perdent pas leur temps !

La technique que nous allons aborder aujourd’hui est donc une méthode simple, peu onéreuse, et qui à l’énorme avantage de vous laisser partir 3 semaines en vacances pendant que vos semis font leur vie.

Oui c’est scandaleusement aisé, et ça marche aussi bien avec des semences de compétition, bio et fertiles, qu’avec n’importe quelle saleté contribuant à la “biouniformité”, excusez le néologisme !

Nous appellerons cette méthode “La technique de la bouteille”. L’idée étant de recycler vos bouteilles d’eau minérale en plastique pour en faire de véritables mini-serres.

Quels sont les avantages de cette méthode ?

  • Je me répète, mais c’est vraiment facile et pas cher, testé et approuvé par une enfant de 2ans et demi (c’est important le demi). J’éviterai juste la moquette du salon à l’avenir...
  • Infaillible - bon, je ne garanti rien, mais shame on you si vous foirez lamentablement avec cette méthode
  • La technique permet de renforcer la plante par ajout de substrat qui déclenche l’apparition de nouvelles radicelles
  • Cela permet également de ne pas avoir de phase intermédiaire ou il faut repiquer les semis. Vous pouvez les envoyer directement dans leur espace en terre ou pot définitif

Quel équipement est nécessaire ?

Si vous jardinez régulièrement, vous avez très certainement des billes d’argile et un peu de terreau à disposition. Cela constituera sinon l’unique investissement de l’opération, hors semences bien-sûr.

00 materielIl vous faudra ainsi:

  • Des bouteilles en plastique (1.5L c’est bien). Nombre de bouteilles à définir en fonction de votre ambition, de votre consommation d’eau minérale, et de l’espace disponible dans la maison derrière une fenêtre très ensoleillée.
  • Du Scotch, transparent si possible
  • Des billes d’argile
  • Du terreau
  • De l’eau
  • Un marqueur indélébile, facultatif si vous avez une mémoire pachydermique
  • Des graines, c’est tout de même l’objet de l’opération
  • Des mains, même une seule devrait suffire

La technique pas à pas :

1. Coupez la bouteille environ aux 3/4 Essayez de garder une languette de plastique solidaire entre la bouteille et le goulot pour ne pas complètement séparer les deux parties, mais en faire une sorte de couvercle.

01 decoupe

2. Remplissez un tiers de la partie inférieure avec des billes d’argile

02 billes

3. Ajoutez de l’eau pour arriver à niveau des billes d’argile. Aucune eau ne sera ajoutée après cette opération, jusqu’au transfert des semis dans leurs pot ou dans votre jardin.

03 eau 03bis eau       

4. Ajoutez du terreau pour arriver à la moitié de la bouteille

04 terre 04bis terre       

5. Semez quelques graines. Graines à répartir en fonction des semis concernés. Pour des poivrons j’en mettrai 3 ou 4 répartis sur la surface. Pour notre exemple ici, du basilic citron qui a de toutes petites graines qui ne prennent pas toutes, j’en répartis une petite dizaine à 1cm les unes des autres minimum. En effet, des graines noires sur une terre marron, ça se voit mal !

05 graines 05bis graines       

6. Recouvrez d’un demi centimètre de terreau. Vous pouvez utilisez du terreau spécial semis, cela peut vraisemblablement aider mais je n’ai personnellement jamais testé ce type de substrat spécialisé.

06 terreSupp

7. Refermez la bouteille, avec du Scotch pour la partie que vous avez sauvagement découpée et avec le bouchon en haut. Le bouchon pourra parfois être ouvert pour éviter la surchauffe ou sur-condensation. Dans notre cas, en septembre et sans soleil, je vais laisser tout ça bien fermé.

07 scotch 07bis scotch       

8. Notez ce que vous avez semé sur le bouchon à l’aide du marqueur. Il peut être judicieux de noter la date également, surtout si vous lancez des semis en décalé.

Attendez 3 semaines sans rien faire ! Attention, si vous constatez que la plante “fait de la tige”, comme nous allons certainement en faire l’expérience à cause du manque de lumière en ce moment, vous pouvez soit :

  • Ajouter du terreau au fur et à mesure
  • Attendre que les premières feuilles apparaissent, la partie de tige sous les cotylédons ne devrait plus pousser, puis ajouter du terreau jusqu’à ses cotylédons.

Au bout d’environ 3 semaines à un mois, vous pouvez transférer les plantes directement dans leur substrat définitif.

Conclusion :

Ces deux méthodes sont testées et approuvées par Hortinews. Encore une fois, d’autres techniques existent. Le mieux est de faire selon vos envies et vos moyens.

Si vous avez déjà tenté de faire germer des trucs, vous savez que les résultats et le temps nécessaire différent totalement selon les types de fleurs et légumes.

Note de Elvincent : A titre d’information, cette année, j’ai fait du 100% de germination sur des campanules (Campanula Carpathica) mais en  ...un mois. Avec des Cosmos Candy Stripe, au premier essai je me suis rapproché du niveau minable : 10%...puis du 90% avec la technique de levée de dormance ! Avec du poivron c’est du 90% en une semaine et demi, alors qu’avec des tournesols c'était du 90%..en deux jours.