Tout comme décrit dans notre charte, nous ne sommes pas des scientifiques mais des jardiniers amateurs. Sortant de la saison hivernale où il est impossible de faire des tests dans le jardin, nous nous sommes tournés vers les solutions d'horticulture d'intérieure afin de pouvoir vous alimenter en tests divers et variés. Nous avons donc utilisé une chambre de culture intérieur, mais aussi des lampes dédiées à l'horticulture.

Il y a une foultitude de solutions d'éclairage horticole : néons, CFL, MH, HPS, Leds etc...et un marketing autour très habile qui a le don de vous embrouiller. Dans cette forêt, il est difficile de savoir ce que l'on achète vraiment. Avant de vous pondre des tests, on a souhaité vulgariser au maximum dans un dossier afin d’expliquer simplement et rapidement quelques concepts clés qui vont pouvoir vous guider dans vos achats et comprendre ce qui se cache derrière le blabla publicitaire.

Bref le but du jeu n'est pas de vous inonder d'explications et termes scientifiques, mais juste de vous aider à savoir lire une étiquette... et de ne pas tomber dans les pièges du marketing !

Watts, Lux et Lumens et candela : des unités/mesures pour les humains, pas pour les plantes !

Oubliez la mesure par watts. Les watts sont la quantité d’énergie électrique consommée par une lampe. Selon la technologie de la lampe il peut y avoir une énorme déperdition d’énergie qui va se transformer en chaleur plutôt qu'en lumière. Bref à watt consommé identique, une lampe à haute pression de sodium (HPS) va envoyer beaucoup moins qu'une lampe à LED. Elle va "perdre" beaucoup d’énergie transformée en chaleur plutôt qu'en lumière !

bougieyeuxLa candela (pensez à une chandelle) est la mesure qui est reconnue internationalement. Elle a remplacé l'unité d'avant qui était la bougie (et oui ! ). La candela mesure l'intensité lumineuse perçue par l’œil humain. Les plantes n'étant pas des humains, vous pouvez aussi totalement ignorer cette mesure qui ne veut rien dire pour un végétal. Coup de chance, elle est plutôt utilisée dans les pays anglo-saxons 

Le lumen (lm) est la mesure photométrique la plus souvent présente pour les éclairages horticoles ce qui est une aberration marketing. C'est une mesure d'un flux lumineux émis dans une surface (angle solide/stéradian) d'une intensité qui se base sur la candela. Encore une fois cette mesure est basée sur l’œil humain

Le lux (lx) est un dérivé du lumen. En gros c'est le flux de lumens reçus par une surface. Idem que toutes les autres mesures, ça se base sur l'œil humain et pas sur ce que voit une plante, donc cette mesure ne veut aussi pas dire grand chose pour nos amis végétaux.

 

PAR et nm : les spectres lumineux utilisés par les plantes

Pourquoi toutes ses mesures sont inutiles ? Simplement, parce que la lumière a un spectre composé de différentes couleurs. La recherche scientifique et les biologistes ont rapidement repéré que les plantes ne réagissaient pas de la même manière au spectre lumineux via leur pigments (les "yeux" des plantes). Il est communément admis, que le bleu est important pour la croissance et le rouge pour la floraison. Les plantes réagissent au rouge/orangé et au bleu/violet mais quasi pas au vert.

Le nanomètre (nm) est une unité pour mesurer la longueur de choses minuscules tel que la taille d'un atome. On l'utilise aussi pour mesurer le spectre lumineux.

605px Linear visible spectrum

Les plantes absorbent cette énergie lumineuse. On appelle cette fonction la photosynthèse.

Le PAR (Photosynthetically Active Radiation) est la gamme d'ondes utilisées par les plantes pour la photosynthèse (400 à 700nm) : c'est les radiations actives pour la photosynthèse. On se rapproche déjà beaucoup plus d'une mesure utile aux végétaux sauf que le marketing est encore passé par là et certaines lampes sont garanties PAR...ce qui est trés flou. On vous promet que c'est un spectre adapté pour l'horticulture...mais cela ne donne aucune information  sur la puissance, l'intensité lumineuse reçue par les plantes. Pour faire une analogie, c'est comme si je vous garantie que votre hamburger est 100% MacDonald. Vous allez savoir que c'est un burger, et qui l'a fabriqué mais impossible de savoir le potentiel nutritionnel exact de ce qu'il y a dans votre assiette... Bref que cela soit un "petit wrap" ou un quadruple "big mac", ça reste un burger 100% MacDonald...

Malheureusement, 90% des fabricants de lampes horticoles sur le marché communiquent uniquement sur les Lumens/Lux de leurs lampes. C'est utile pour calculer l'éclairage d'une maison, d'un stade de foot etc mais pas pour vos plantes.

PPFD et PPF : enfin des mesures pour les végétaux !

canopeeQuelques rares fabricants communiquent sur les PPF, voire sur le PPFD ce qui est pourtant la seule vraie mesure utile pour les plantes.

Le PPF est le flux de photons pour la photosynthèse et le PPFD est le flux de photons pour la photosynthèse dans un espace donné.

La lumière émet des particules solides : les photons. En gros on met en place un instrument (capteur) qui va analyser sur une surface donnée la quantité de photons reçue, uniquement dans le spectre lumineux utilisé par la photosynthèse des plantes (400 à 700nm).

Pour le PPF c'est une mesure globale de la totalité de photons émise par votre lampe dans la fréquence utilisée pour la photosynthèse. Pour mesurer cela il faut un sacré équipement qui s’appelle la sphère d'Ulbricht :

ulbricht

Vous mettez votre lampe au milieu et zou vous pouvez calculer ce qu'elle balance au total pour les plantes. 

Vous allez me dire, à juste titre, qu'on fait rarement pousser des plantes dans une sphère avec une lampe au milieu... et que suivant la distance entre votre canopée et votre lampe, l'intensité lumineuse sera plus ou moins forte. Vous avez tout à fait raison ! Le PPF donne déja une bonne indication de la qualité d'une lampe horticole, mais ça reste encore imprécis...

Le PPFD vient sauver le jardinier qui fait pousser en intérieur. Simplement car on est capable de mesurer l'intensité de photons reçue dans le spectre de la photosynthèse sur un petit espace précis. C'est la mesure utile pour mesurer en situation et optimiser votre petit jardin intérieur ou vérifier si la lampe que vous avez envoie vraiment de la lumière pour les plantes ...ou pour vous. Cool

Ces deux mesures sont données en µmol (micromoles) : en par secondes pour le PPF (µmol/s) et en par secondes et par mètre carré pour le PPFD (μmol m-2 s-1).

Pour cela il faut un outil...

Le quantum-mètre

quantum meterC'est un capteur qu'on peut placer partout : sur une feuille, sur la canopée des plantes et qui va vous sortir l'intensité lumineuse dans le spectre de la photosynthèse à cet endroit précis. C'est un équipement professionnel très onéreux (mais moins qu'une Sphère d'Ulbricht ou qu'un spectromètre). Néanmoins c'est le seul outil qui va pouvoir vous dire exactement ce qu’envoie réellement une lampe horticole en situation.

Les serres professionnelles de type maraîchage sur plusieurs hectares utilisent des lampes qui produisent 200µmol m-2 s-1 sur la canopée des légumes. 

Pour des plantes vivaces demandant plus de lumière il est communément admis que 1500µmol m-2 s-1 est le maximum que la plante puisse encaisser avant d'observer un effet négatif (trop de lumière). On conseille souvent d'essayer d'atteindre les 1000 µmol m-2 s-1.

La rédaction d'Hortinews s'est équipée d'un appareil de ce type de dernière génération capable également de mesurer les émissions des lampes LEDs. En effet les appareils plus anciens avaient un taux d'erreur très faible sur tout ce qui est CFL, HPS et MH mais un taux d'erreur très important (60% environ) sur les LEDs. On va donc pouvoir vous proposer des guides et tests, afin de voir vraiment ce que les fabricants nous vendent... Sans vouloir vous révéler d'avance nos résultats, on peut vous assurer qu'on a déjà eu des surprises (bonnes et mauvaises) y compris sur des marques réputées ...