Nous tenons à remercier la marque BullFilter qui nous a permis de faire ce test. 

Dans l'horticulture intérieur, on se heurte parfois à un imprévu : l'odeur forte et persistante de certaines fleurs. Il existe plusieurs solutions "caches misère" : mettre en place une odeur encore plus forte via des parfums ou des huiles essentielles.  C'est souvent des solutions peu onéreuses mais aussi imparfaites... Il faut recharger réguliérement et baigner en permanence dans une odeur forte et persistante n'est pas forcément agréable. Ma femme me suggère que dans du Chanel N°5 ça devrait être pas mal. Mais je n'aime pas les solutions à recharger tous les jours (fainéants powah!), et je n'ai pas non plus les moyens d'acheter des litres de N°5 à son grand désarroi. On a donc planché sur autre chose...

Le filtre à charbon actif : kezako ?

Les serres d'horticulture professionelles dediées à une fleur trés odorifére telle que la lavande sont confrontées à ce probléme depuis des années. La solution sérieuse, simple et efficace est un filtre à charbon actif. 

C'est un grand tube creux dans lequel il y a des granulés de charbons dans les parois. On place une gaine et au bout un extracteur d'air ou une VMC et le tour est joué. Ca ressemble un peu à des pots d"échapement de dragster surdomensionné, les petits trous en plus. Une chaussette est placée afin d'éviter aux micro-résidus de charbons d'arroser votre serre.

L'extracteur aspire l'air dans le bignou, l'air passant à travers le charbon, l'odeur est filtrée et neutralisée avant d'être rejetée dehors.

On trouve des filtres de toutes les tailles, dimensions et avec des qualités bien différentes sur le marché. Ce qui joue avant tout étant la quantité et la qualité du charbon. Ensuite le design, le poids, la praticité mais aussi le prix sont aussi des paramètres importants. 

La dimension du filtre est essentiel : plus il est grand et long, plus il va permettre d'avoir un gros débit d'air et une masse de charbon importante. En revanche il va demander un extracteur d'air conséquent. Il y a tout un tas de guides sur le net qui vous indiquent selon le volume de votre serre, l'extracteur qu'il vous faut en m3/heure. En fonction de cela il va falloir choisir votre filtre. 

Le conseil Hortinews : ne vous fiez pas totalement à ce qu'on trouve sur internet. Il y a des fois/souvent une volonté commerciale derriére. Bref on recommande chaudement de surdimensionner votre extracteur et votre filtre. Qui peut le plus, peu le moins ! Et un extracteur plus gros qui tourne moins vite...fait aussi moins de bruit !

BullFilter : le charbon australien 

Je vais briser le mythe de LordCasqueVert : l'Australie n'est pas un continent entièrement peuplé de kangourous et d'alligators avec des gars à grand chapeaux. Ils ont aussi du charbon dans leur sous-sol. La marque était totalement inconnue en France jusqu'il y a quelques mois, même si c'est une société française qui est derriére. Néanmoins on avait repéré de la pub pour des produits au design similaire en Angleterre depuis quelques temps (Red Scorpion).

En gros le marché français se repartit entre une marque hollandaise (nos amis de Can-Filter), une marque Suisse (Carbon Active), un outsider germain/tchèque (Prima Klima) et quelques marques de grossistes à droite à gauche avec des résultats et une qualité variable, et dans une moindre mesure des marques étrangéres moins connues.

Depuis environ un an la marque BullFilter a demarré en France . On c'est dit tout de suite qu'il fallait qu'on teste ça ! On a donc recupérer le modéle 400m3/heure (pour une chambre de culture de taille modeste) avec une flange de 125cm et une longueur de 300mm. Comptez environ 60€TTC pour vous le procurer.

Petit comparatif sur le papier...

Premiére bonne surprise, nous l'avons pesé à 2.47kg sans la chaussette, et pas à 3.8kg comme indiqué sur sa fiche technique ! On a utilisé une balance de cuisine assez précise. 

A titre de comparaison mon bon vieux PrimaKlima fait 200g de plus, 50mm de moins et tourne à 360m3/heure maximum.

Du côté de la concurrence hélvétique (Carbon Active), le modéle concurrent (flange 125mm et 400m3/heure) est le 400G125. Celui ci est beaucoup plus lourd (4.7kg) et plus long (370mm) à 20€ de plus. Le standard 400Z 125 est également à 400m3/heure, un peu plus long (370mm) mais vraiment plus léger (1.4kg!) du à une structure plastique et non pas métallique. En revanche ce n'est pas un poids plume dans le prix : environ 105€. Ca fait cher le plastique, même si il est Suisse...

Pour nos amis "nollandais" de Can filter il y a une alternative dans leur gamme : Soit on abandonne la flange de 125 pour passer en 150 et on a le CAN333 en 400m3/heure mais avec un poids total de 11kg (ouch!) et 330mm de longueur... pour la modique somme de 120€ (re ouch!). Ou on passe sur la gamme Can-lite avec une flange de 125 : le 425PL (structure plastique) turbine à 467m3/h pour une longueur de 600mm et un poids total de 2.2kg et un prix aux alentours de 50€. 

Côté Phreshfilter, il existe un modéle aux dimensions et débit similaires a environ 65€ (un poil plus cher) avec un design légement différent.

Bref, sur le papier, les deux seul concurrent qui se rapproche ou dépasse en terme de performance le BullFilter tout en restant sur une flange de 125 et un débit d'environ 400m3/h est le 425PL de Can-filter. Le BullFilter est deux fois moins long, mais aussi un peu plus lourd et coûte 10€ de plus. Du côté de Phreshfilter USA, c'est simplement le prix (un peu plus cher de 5€) et le design qui change, le charbon utilisé est similaire. Du côté de Can, leur charbon est soit en version pellet (Can333) soit en version "Light" (Can425PL) mais aucune info n'est donné sur sa provenance ni sa taille.

Le test

Petit rappel de notre charte : nous n'avons donc pas envoyé le produit dans un labo, sortie les anémométres, outils de mesure de pression de l'air etc etc... On a décidé de faire un test en version "réel" et vous faire partager notre expérience.

On a pris un bête aimant et on l'a passé sur tout le tour de la bestiole. Premier constat : il n'accroche que sur les vis. Bref le châssis métallique est fait d'un métal non ferreux. Questionné dessus, la marque m'a répondu que c'était "un mélange à base d'aluminium". En tout cas le test de l'aimant ne ment pas : il n'y a pas de fer la dedans ce qui explique son poids plume.

Pour l'odeur nous avons fait le test en deux temps. Nous l'avons mis en place dans une chambre de culture fermé avec un extracteur d'air rotatif de 365m3/heure préalablement réglé à la moitié de sa vitesse afin de rester silencieux.

J'avoue : au début il était prévu de faire le test avec des boules puantes. En présentant mon idée à ma moitié j'ai reçu "étrangement" un véto direct... Il a fallu donc se creuser les méninges pour faire un truc qui fonctionne sans passer par la case divorce...

Pour notre premier round de combat, nous avons pris notre plus puissant diffuseur d'huiles essentielles. C'est un modèle bruyant fait pour arroser une maison/grande salle d'attente/magasin. On a mixé une bonne dose de citron avec de l'eucalyptus. On a mis le tout dans une box fermée et on a fait tourné 24h00 non stop. Étrangement ma moitié était beaucoup plus réceptive au concept des huiles essentielles qu'aux boules puantes ... Donc voici notre arme :

L'extracteur était branché sur un conduit que nous avons emmené dans une autre piéce. Le but du jeu étant de voir si dans cette second piéce on allait sentir l'odeur du mélange, et donc voir si le BullFilter faisait son boulot. Le BullFilter sort vainqueur du premier round : absolument aucune odeur dans la seconde pièce alors que la box empestait l'eucalyptus et le citron.

On c'est dit que c'était trop facile. Donc on a organisé un second round avec un adversaire un peu plus violent :

On a mixé romarin, citronnelle, menthe poivrée et lavande. Autant dire que c'est un mélange très fort en odeur, surtout la combo citronnelle/lavande ! L'avantage aussi de ce genre de mélange est que c'est sensé bien repoussé les insectes. On a doublé le temps, et ça a tourné 48h00 non stop dans la box. Second round : victoire par KO du Bullfilter, toujours aucune odeur à signaler dans la seconde pièce alors que ma box est devenue un repoussoir à moustique géant ! 

Conclusion

Petit arrêt sur image sur un argument commercial de Bullfilter : leur charbon de qualité "incomparable" est vanté outrageusement tout au long de leur brochure, avec une mise en avant d'un fameux charbon vierge Australien RC-4/8. C'est le même que dans les filtres de la marque PhreshFilter qu'on trouve majoritairement sur le marché américain. Quand au RC-4/8 à priori cela désigne uniquement la taille des blocs de charbons et pas leur provenance ou leur qualité. C'est une gymnastique technique pour les fabricants : en fonction du débit d'air, des bloc trop petits/poudreux vont empêcher l'air de passer. Des blocs plus gros risquent eux de filtrer beaucoup moins les odeurs. BullFilter reprend les mêmes arguments que PhreshFilter : un charbon vierge  RC-4/8 venant d'Australie.

La marque Red Scorpion, distribuée en Angleterre, reprend le même design que Bull Filter mais en rouge, avec un charbon australien également, mais ce coup-ci du RC-4/12.

En prenant mon chapeau "écolo-bobo" je pense que le produit a un défaut : la provenance trés lointaine du charbon. Le bilan CO2 d'un produit Australien vendu en France doit être catastrophique ! Il n'y a plus qu'un pas à franchir pour regretter les mines du Chnord, les corons et l'hymne du RC Lens... J'entend la voix d'un ancien ministre derrière moi qui dit "il faut relancer la filiére charbon en France"...mais je m'ègare...

C'est un avis totalement subjectif mais hormis les modèles de Carbon Active, le design Can-Filter est plus dans la catégorie de l'accessoire industriel d'une usine russe du nord de l’Ouzbékistan. Je trouve le Bullfilter avec sa couleur bleu chromé, un peu à la sauce tuning /JackyPC (même si il n'y a pas de néons) assez réussi.

Néanmoins on achète pas un filtre à charbon pour son look, mais pour son efficacité ! Et dans ce domaine il n'a pas failli à sa tâche dans nos tests même si on l'a poussé assez loin en saturant totalement la box d'une odeur assez forte. Bref il fait le job, et même très bien !

On a apprécié un détail : les deux chaussettes (tout comme sur les modèles PhreshFilter). Quand une chaussette s'encrasse, on peut la passer à la machine et la faire sécher tranquillement pendant qu'on utilise l'autre. De plus la feutrine utilisée est différente de celle de la majorité des concurrents qui "bouloche" très vite au lavage et qui en général ne fournissent pas de second "pré filtre".

Au final on vous le recommande évidemment !