Nous remercions la société CIS qui nous a permis de faire ce test.

La lumière, la température, l'eau, l'humidité et les nutriments :  voila les cinq éléments de base à contrôler pour les jardiniers. Mais il y a un sixième élément largement négligé par les jardiniers d'intérieur : le dioxyde de carbone (CO₂), aussi appelé gaz carbonique.

De nombreuses études scientifiques prouvent l'effet positif de celui-ci sur le monde végétal. En résumé les plantes "boivent" le dioxyde de carbone et une concentration élevée de celui-ci dans l'air augmente sensiblement leur taille, leur croissance et leur productivité.

De nombreux équipements permettent d'enrichir en CO₂ l'air ambiant afin d'optimiser le rendement des plantes. Hortinews a décider de tester plusieurs d'entre eux. Nous ouvrons par un premier test d'une longue série avec le CO₂ Pad.

le CO₂ et les plantes : théorie et vision globale

Tout d'abord il faut savoir que le CO₂ est un gaz "lourd" : il ne va pas s'évaporer en l'air mais va tomber. Il est nocif voire mortel à trés forte dose pour l'être humain.

On mesure le CO₂ dans l'air en PPM (partie par million). Un air "classique" va avoir aux alentours de 350pm. Il est communément admis qu'un taux de 750ppm ou plus est excellent pour booster une plante. A titre d'information des chercheurs ont descendu volontairement le taux de CO₂ de 350 à 250ppm, la plante test a perdu 50% de sa capacité de photosynthèse !!!  Une étude plus ancienne indique qu'une augmentation de 300 à 600ppm poussait la photosynthèse d'environ 33%. Bref le CO₂ pour les plantes = Miam

Concernant les taux dangereux voici un petit récapitulatif :

• 1000ppm : le CO₂ devient un des facteurs de l'asthme. C'est le taux maximal communément admis pour les bâtiments d'habitation. 
• 5000ppm : valeur maximale d'exposition professionnelle dans certains pays.
• 15.000ppm  : valeur maximale d'exposition professionnelle pour 10 minutes maximum.
• 40.000ppm : seuil d'alerte qui nécessite l'évacuation des locaux, les dangers sur la santé pouvant être irréversibles.
• 100.000ppm : exposé pendant 10 minutes à ce taux et c'est la mort !

Pour faire un gros raccourci, la nuit les plantes respirent : elles consomment de l’oxygène et rejettent du CO₂. De jour la photosynthèse prend le dessus sur la respiration, et les plantes consomment du CO₂ et rejettent de l’oxygène. Pour qu'une plante vive, sa consommation de CO₂ doit excéder ses rejets.

Si c'est bon pour les plantes : pourquoi essaie-t-on de réduire la production mondiale de CO₂ ? Plus nous produisons de CO₂ plus les plantes seront fortes et les récoltes abondantes. Hormis le fait qu'un taux de CO₂ trop elevé est nocif pour l'homme, cette réponse est fausse car trop simpliste. Une plante consommant plus de CO₂ va avoir une photosynthèse et croissance plus élevées. Elle va donc demander plus de nutriments, plus de lumière, plus de chaleur etc... Le seul élément dont elle aura moins besoin est l'eau : la plante aura une meilleure utilisation de l'eau (WUE : Water Use Efficiency).

Prenez l'image d'un moteur à essence : à 200km/h vous allez trés vite...mais votre consommation d'essence devient énorme. C'est pareil pour le CO₂ et les plantes. 

Si vous appliquez ça à l'échelle planétaire, vous conviendrez qu'une augmentation massive de CO₂ n'est pas forcément souhaitable pour la santé humaine. 

Le Green Pad CO₂ generator

C'est un produit qui nous vient de chez l'oncle Sam. Il a la forme d'un papier rectangulaire épais type alaise. Cinq tapis sont fournis ainsi que 2 cintres plastiques. Son prix public est de 50€.

Le constructeur indique que le  papier est composé de couches de carbone et d'acides naturels.

Son mode de fonctionnement est le suivant : pour l'activer il doit être dans un air à 35% d'humidité minimum. Il faut asperger légèrement d'eau l'ensemble du pad et l'accrocher en hauteur au dessus de vos plantes, de préférence dans une chambre horticole fermé.

Attention à ne surtout pas trop le mouiller, l'eau ne doit pas goutter du papier. Tant que l'air reste humide, le pad va continuer à produire du CO₂.

Astuce : vous pouvez utiliser une éponge pour humidifier le Pad et l'accrocher à celui-ci pour le garder humide un peu plus longtemps :

Le fabricant explique qu'humidifier le papier "périodiquement" permet d’accélérer la production de CO₂.

Au bout d'une semaine, selon le site du constructeur, le pad va commencer à fournir moins, il est recommandé d' accrocher un second pad. Au bout d'environ 2 semaines il faut retirer le premier pad et le mettre à la poubelle, et en remettre un nouveau. La documentation française semble plus optimiste : elle indique que le pad doit être changer au bout de 8-9 jours puis être retiré au bout de 15 jours.

Un paquet de 5 pads va donc durer environ 1 mois et demi.

Plusieurs tailles existent : 

• l'original est fait pour une tente de culture de 120x120x2m.
• le grand daddy pad, est l'équivalent de 4 original à lui tout seul.
• le junior pad, pour les bouturettes.

Le test

Honnêtement les retours d'utilisateurs vus sur internet sont assez divers. Certains ne jurent que par ça, alors que d'autres n'hésitent pas à qualifier le produit de vaste fumisterie, voire de foutage de gueule complet !

Une fois n'est pas coutume, le premier round est un test totalement théorique. On a pris un Green pad original et on l'a mis dans une bouturette très légèrement entrouverte avec un outil d'analyse de l'air.

On a ensuite suivi les instructions, légèrement humidifié le tout puis enroulé et plié le pad à côté de notre outil et enfin refermé quasi totalement la bouturette. Elle est resté très légèrement entrouverte sur le côté droit afin de pouvoir laisser passer un câble d'alimentation electrique. On a rajouté un filet d'eau dans le fond du bac afin de garder un taux d'humidité élevé.

Trés vite le taux de CO₂ est monté en flèche !  Au bout de quelques minutes notre appareil a jeté l'éponge : on avait atteint sa limite maximale d'analyse (3000ppm). Voici une petite photo juste avant qu'il rende les armes :

A noter que le taux d’humidité  avoisinait  également les 100%.  Au bout de 4 heures celui-ci était redescendu à environ 70% et le taux de CO₂ dans la bouturette avait atteint les 1000ppm ! Environ 12h00 plus tard, le taux d'humidité était de 65% et le taux de CO₂ n'était plus que de 650ppm. Le pad a été humidifié (humidité relative dans la bouturette à 90+%) , et l'air est repassé à 900ppm environ, pour sécher à nouveau 12h00 plus tard et redescendre à environ 700ppm :

Pour le second round on a decidé de mettre le produit en situation réelle en simulant un utilisateur "bourrin". On a pris une tente d'horticulture de 120x120x180cm et on a pendu le pad en l'arrosant copieusement (et donc en faisant goutter l'eau). La box était équipée d'un petit ventilateur brassant légérement l'air intérieur. Ses évents étaient fermés sauf un que nous avons laissé trés légérement ouvert en mode intraction passive. L'humidité oscillait entre 50 et 60%. Nous avons placé notre outil d'analyse sur le sol directement en dessous du premier pad. Sans le pad le taux de CO₂ était à 618ppm :

Quelques minutes aprés l'activation du pad il est monté à 949ppm puis est redescendu au fur et à mesure du temps à 778ppm.

A noter qu'il nous a fallu très régulièrement (plusieurs fois par jour) ré-humidifier le pad. A chaque fois le CO₂ était redescendu à son état "normal" (aux alentours de 640ppm). Il a donc fallu qu'on ré-humidifie le plus souvent possible ce qui est franchement peu pratique.
Cela correspond en tout point au comportement constaté dans le premier test, hormis que le pad s’assèche plus vite car il n'y pas d'effet "cloche d'humidité".

Conclusion

Notre avis sur le produit est assez mitigé. Est ce que ça marche ? Oui, ce n'est pas une alaise de bébé vendu 10€. Il produit vraiment du dioxyde de carbone comme son fabricant l'indique.  Sauf que le taux de 35% d'humidité indiqué ne correspond pas à ce que nous avons constaté.  Le Pad s’arrête de générer du CO₂ assez rapidement si il n'est pas dans un environnement excessivement humide.

On gagne environ 100ppm par greenpad original : c'est beaucoup moins que ce qu'on aurait pu imaginer.

Néanmoins le produit a des points positifs. Il est assez simple d'utilisation et peu cher. Avec un produit à 50€ il ne faut pas s'attendre aux mêmes résultats qu'un kit d'enrichissement professionnel qui est lourd, encombrant, dangereux et coûte 1500€  ! 100ppm, n'est pas quelque chose de négligeable dans l'augmentation de la photosynthèse et donc dans la vitesse de croissance.

Au final on recommande surtout le modèle junior pour vos boutures car c'est un environnement saturé d'humidité...ou les plus grands modèles uniquement en croissance quand vous avez aussi une grosse humidité dans votre tente d'horticulture. Ou alors éventuellement si vous passez vos journées/nuit prés de votre tente... Si vous avez une grande tente, êtes en floraison (donc avec une hygrométrie basse), vérifiez rarement vos plantes, et ne faites jamais de boutures : passez votre chemin, ce n'est clairement pas le produit qui vous faut.

Nous allons tester d'autres produits concurrents donc stay tuned ...